L’église dit l’abbé Muller, date de la transition romane-ogivale, commencée aux XIV et XVe siècle, ainsi que l’indique une inscription placée au premier pilier de droite portant cette date 1550, porche en pierres précédant l’église avec trois paires de colonnes supportant un plein cintre roman.
(Les porches existaient dans toutes nos vieilles églises. Ils étaient destinés à recevoir les catéchumènes et les pêcheurs qui n’avaient pas encore le droit d’entrer dans l’église avant leur baptême ou avant d’avoir reçu l’absolution) Sous ce porche existe une Vierge encadrée dans une petite rosace. Cette Vierge à été depuis enlevée du porche pour être placée dans l’intérieur de l’église au-dessus du portail. Les chapiteaux du chœur sont remarquables. Ils peuvent être attribués au XIIe siècle à voir leur flore de pousses entrelacées de feuilles.
Mais il est une décoration étrange qui attire l’attention, c’est un ange accolé par le dos à la clef de voûte du sanctuaire, cette ornementation existe dans quelques églises. En raison de sa dimension, de la verge ou crosse qu’il tient en main, de la place qu’il occupe au-dessus de l’autel, il est à croire qu’il servait à soutenir par une chaînette la colombe ou la tourelle de la réserve eucharistique.
L’église n’a que deux nefs, à un plancher pour voûte, est dallée et couverte en tuiles. Elle est propre et bien tenue et surtout bien entretenue.
On remarque à l’intérieur, 4 autels en bois de chêne de style gothique, dûs aux démarches et au zèle du curé actuel M. l’abbé Cousin.
L’église est placée sous le vocable de l’invention de Saint Etienne, dont on célèbre la fête le 3 Août.
Deux: autels petits de dimension sont placés à l’entrée du chœur et sont consacrés, celui de gauche à Saint Sébastien, celui de droite à Saint Etienne dont la statue le surmonte.
Un tableau, rappelant le martyre de ce saint est placé au-dessus de l’autel. L’autel placé au bout de la seconde nef de l’église est consacré à la Vierge, une statue de la Vierge placée dans une niche au-dessus de l »autel est tout à fait remarquable. Une chapelle latérale à droite du chœur était consacrée à Saint Jean Baptiste. On la désigne aujourd’hui sous le nom de chapelle de Nicolaÿ, probablement en mémoire des membres de cette famille qui y ont été inhumés, cette chapelle est simplement dépourvue d’ornementation. Le clocher est placé sur le chœur, c’est une belIe flèche octogonale couverte en ardoises. Le clocher renferme une horloge communale qui y fut placée en 1866 par M. Renard de Ferrière (Oise). Avant la révolution le clocher renfermait trois cloches, mais comme dans toutes les autres municipalités, l’église d’Ivors fut contrainte de fournir deux cloches à la République pour la fonte des canons destinés à repousser l’invasion étrangère. Aujourd’hui le clocher ne renferme plus qu’une seule cloche refondue en 1855 et dont Monsieur et Madame de Nicolaÿ furent parrain et marraine. Elle s’appelle Marie-Christine, pèse 500 kilos et a été fondue par Cavillier de Carrépins (Somme).
Avant la révolution beaucoup de personnes étaient enterrées dans les églises probablement en acquittant un certain droit.
A l’origine, l’église se situait sur un tertre, le déboisement sur les collines ayant provoqué des érosions, au fil des années, les alluvions se sont accumulées et ont rehaussé le niveau du village. A notre époque, il faut descendre des marches pour accéder à l’église.
CURES & CURÉS
La cure d’Ivors est fort ancienne. L’historien du Valois cite un Doyen d’Ivors, du XIIe siècle nommé Anselme, qui était de tous les Doyens du Valois celui qui instrumentait le plus, c’est-à-dire qui était le plus habile à faire les actes que nous passons, aujourd’hui devant notaire.
Du Doyen Anselme, nous franchissons un espace de quatre siècles, pour arriver en 1616, année où commencent les actes religieux, mesure recommandée par l’Edit de François 1er daté de Villers-Cotterêts, 1539. A partir de cette époque chacun a son nom de famille qui lui est propre qu’il tient de son père et qu’il transmettra à ses enfants, sans discontinuité.
C’est M. Gilles Duplessis, curé d’Ivors qui ouvre le premier registre et débute au numéro 1, par le baptême de Geneviève Petit. M. l’abbé Duplessis fut aussi Doyen Rural de Coyolles dans ce temps, les doyens n’étaient pas toujours au chef-lieu du doyenné. Ils étaient choisis par les autres curés, ses confrères de la circonscription Décanale d’où le titre de Doyen Rural.
L’abbé Duplessis a aussi écrit un obitier (obituaire: se dit du registre renfermant la Liste des défunts pour l’anniversaire desquels on doit prier ou célébrer un obit), où est placé en tête l’inscription suivante:
« Livre des obits fondés en l’église de Monsieur Saint Etienne d’Ivors, du règne le Roys de Burbon le Juste, treizième de nom, roy de France et de Navarre ce martyrologe et obitier a été escrit par moi soussigné Gilles Duplessis prestre curé de la paroisse d’Ivors et Boursonne, Doyen rural des Coyolles, diocèse de Soissons, pour perpétuelle mémoire et fidèle assouvenance de tous les obits (service religieux célébré par fondation pour un défunt à la date anniversaire de sa mort), anniversaires et autres fondations des messes et saluts, fondés en l’église paroissiale et fabrique Saint Estienne d’Ivors, pour être annoncés par le dict curé d’Ivors et ses successeurs et célébrés en la dicte église et recommandations des fondateurs et bienfaicteurs de la dicte église pour honorer leur pieuse mémoire etc… »
La plus ancienne fondation est celle d’un obit pour le remède des âmes des défunts d’heureuse mémoire Philippe de Billy, Chevalier Seigneur d’Ivors, «qui trespassa le samedy après la conception de Nostre-Dame l’an 1374 et de sa femme Claire de Nery, desquels les corps reposent sous l’ancienne tombe dans la Chapelle Saint Jean-Baptiste».
Un autre obit mentionne une messe haute et à notes de Requiem à l’intention des défunts d’heureuse mémoire Messire Jean Nicolaÿ et Marie de Billy son épouse Seigneur et Dame d’Ivoires pour avoir fait bâtir et donné la maison presbytère.
Tous les autres obits consistent en messes Libera De Profundis Litanies, recommandations au prône, etc… pour dons divers faits à l’église, tels que serres, argents, chasubles, chapes, bannières etc… Tous ces obits sont du reste tombés en désuétude, sauf pour ceux dont les noms figurent sous le tableau Obiliet, suspendu dans l’église.
L’obit était un service fondé pour le repos de l’âme d’un mort et qui doit être célébré à des époques déterminées.
Le dernier curé avant la Révolution fut H. d’Hariague qui mourut en 1793. TI n’eut pas l’honneur comme ses prédécesseurs d’être inhumé dans l’église. Il fut enterré dans le cimetière. La cure d’Ivors possédait sur le terroir 26 arpents de terre. L’église en possédait 25, plus la maison curiale, la grange des Dîmes derrière et le jardin clos de murs et la maison vicariale qui se trouvait dans le fond de la cour commune adjacente au Presbytère.
Le Presbytère donné par la famille Nicolaÿ fut vendu comme bien national en 1792, il fut acheté par monsieur Lefèvre marchand de bois à Ivors, c’est aujourd’hui la propriété de Dr. Loukernin.
Aujourd’hui, la commune d’Ivors s’est rendue acquéreur en 1878 de la propriété Noël Charpentier, pour l’affecter à l’usage du presbytère. M. le Marquis de Nicolaÿ a fait exécuter, à ses frais les travaux d’aménagement nécessaires pour rendre la maison confortable.
LES CURÉS
XIIe siècle le Doyen Anselme
1616 – DUPLESSIS Gilles, doyen.
1667 – SEBASTIEN Isaac.
1716 – LECOMTE Jean.
1743 – GODARD Nicolas, bachelier de Sorbonne. Chanoine de l’Eglise Cathédrale de Soissons. 1761 à 1762
– La cure vacante est desservie par le Capucin Auguste de Béthune.
1762 – D’HARIAGUE François Xavier, mort en 1794.
AN 5 – BLESME
la cure vacante desservie par
1 – JOLLY curé de Boursonne
2 – TREMELLE, curé d’Autheuil.
3 – POLLET, curé d’Ormoy-le-Davien
1834 – DELARUE François
1877 – PERIN Alphonse
1879 – EUZENOT Yves
1890 – PEYZY Jules
1895 – COUSIN Narcisse
1917 – LECLERC
1919 – MALLARD
1921 – GlLSO
1923 – ELlES.
1927 – PINET
1934 – BLEUZEN
1945 – ABAUTRAY
1947 – GODET qui sera le dernier curé d’Ivors.
ENUMERATION DES PERSONNES INHUMÉES DANS L’ÉGLISE AVANT LA REVOLUTION.
1619 – Sébastien MARIN.
1623 – Toussaint LALUT.
1624 – Charlotte LALUT.
1627 – Marie HAROUART, femme de M. Estienne d’Oye, fermier de St Georges.
1629 – Marthe HAROUART, femme de Robert TIIUIN.
1630 – Genevieve OBLET, veuve T. LALUT.
1632 – Marie DUFAux, femme MANSION.
1636 – Jean SEBASTIEN, clerc de l’Eglise Maistre d’Escholle d’Ivors.
1636 – François HAROUART receveur d’Ivors.
1637 – Vénérable et discrète personne Estienne LALUT, preste natif d’Ivors.
1639 – Estiennette BRUNI, veuve F. HAROUART.
1639 – M. MICHEL.
1640 – LOYS HAROUART, receveur d’Ivors.
1640 – Magdelaine TOUPRIX, femme Fr. SEBASTIEN.
1640 – Nicolas DUPLESSIS, frère de Gilles DUPLESSIS, curé d’Ivors, inhumé devant la croix du cimetière qu’il avait fait ériger
1644 – Adrienne SEBASTIEN, nièce de Gilles DUPLESSIS, curé d’Ivors.
1646 – Jean TALLON, curé du Plessis-l’Evêque, natif d’Ivors
1648 – Pierre L’ESSUlLLE
1652 – Pierre SEBASTIEN
1653 – Jacques VISART fennier de St Georges.
1673 – Isabelle JOSSE, femme GUlOT.
1675 – PROU, cavalier dans la Cie de Caumont, Régt. de Pelport.
1675 – Nicolas DUCROCQ, Clerc, maître d’école.
1684 – Gilles DUPLESSIS (3 Ans)
1685 – Claude POULE, marchand d’Ivors, marguillier, mort d’un coup de pied de cheval dans le petit ventre.
1688 – Marguerite L’HOMME, femme J. SEBASTIEN.
1692 – Jacques SEBASTIEN.
1693 – Madeleine D’OYE, femme Pierre VOL, prévôt de la justice d’Ivors.1710 – Messire Pierre de la Marche décédé au château d’Ivors.
1714 – Jean COSSART, maitre d’hôtel du château.
1715 – Me Isaac SEBASTIEN curé d’Ivors.
1716 – Me Pierre VOL, lieutenant de Justice, terre et seigneurie d’Ivors, receveur au dit-lieu.
1719 – Messire Nicolas NICOLAY, brigadier des armées du Roy.
1724 – Marie DUMOIT , femme Ch. LEMEL.
1729 – Pierre LECOMTE, frère de monsieur le curé.
1729 – Louis FASQUELLE, clerc, maître d’école d’Ivors, pendant 40 ans.
1731 – François GODEAU, domestique de Mr. le Marquis de BRION.
1731 – Nicolas VOL
1741 – Antoine ENONT, maître d’école.
1743 – Messire Jean LECOMTE curé
1760 – Elisabeth CLEMENT, femme de chambre de Madame la Duchesse de Mortemart.
1763 – Lucie D’HARIAGUE de MACAYE, fille de François Joseph d’HARIAGUE de MACAYE, capitaine du Régiment Royal Nassau, et de Dame Anne Marie de VOLSIN, de la paroisse de Gigney, en Lorraine, nièce de M. le curé.
CIMETIÈRES
Nous avons dit au commencement de cette notice qu’Ivors était un lieu fort ancien. Ce qui prouve cette assertion entre autres, ce sont certainement les nombreux sarcophages trouvés dans les jardins du Nord du village le long du chemin du Plessis-au-Bois tout proche du nouveau cimetière. C’est un ancien cimetière Romain ou Mérovigien.
Les sarcophages ne semblent apparaitre qu’au me siècle de notre ère. Auparavant on brûlait les corps et on recueillait les cendres dans des urnes funéraires ou bien on les enterrait avec ces cérémonies particulières à chaque peuple. Certains peuples entre tous, les Egyptiens, les embaumaient.
Des sarcophages ont été retrouvés avec leurs squelettes, ceux-ci n »avaient plus de mâchoire inférieure, on suppose que les tombes ont été profanées par les Normands qui connaissaient la coutume d’enterrer les morts avec une pièce d’or dans la bouche pour payer le passage du Styx.
Plus tard, le cimetière fut rapproché de l’église, il l’entourait, en 1832 l’administration municipale le supprima par mesure de salubrité et en créa un nouveau au lieu-dit le Château Rouge, dont le terrain fut donné par M. le Comte de Nicolaÿ. Ce cimetière est clos de murs divisé en plusieurs carrés, séparés par de larges et spacieuses allées.
Le cimetière, disons-le, à la louange des habitants est admirablement bien tenu. Chacun à Ivors, a le culte de ses morts. Toute les tombes sont fleuries dès que le printemps arrive. Nulle herbe ne souille la place où reposent les parents aussi, il faut voir le dimanche et même souvent dans la semaine, nombre de personnes accomplir un pieux pélerinage au cimetière.
L’administration municipale n’a pas voulu rester en arrière de la population, elle a établi un tarif de concession perpétuelle a un prix très minime de façon que riches et pauvres, tous puissent acheter chacun leur petit terrain et conserver ainsi le souvenir de leur famille et s’y trouver réunis après leur mort.
On enterrait aussi avant la révolution dans l’église. Parmi les personnes inhumées, en plus de la famille de Nicolaÿ qui avait chapelle particulière, on remarque certaines familles de l’époque et qui ont disparu depuis, tels les Duplessis, les Lallut, les Harouart, les Sébastien, les Vol etc… ainsi que les curés et les Clercs· Laïcs d’Ivors avant la révolution.
La dernière personne enterrée est Melle Lucie d’Hariague, fille d’un capitaine au Régiment du Royal-Nassau, nièce du curé d’Ivors en 1763.
ACTES RELIGIEUX
Ces actes sont intéressants à plus d’un titre. D’abord, ils établissent la filiation des habitants d’Ivors sans interruption depuis 1616. Ensuite ils nous font connaître les vieilles familles du pays. Puis en les examinant d’un peu plus près, nous constatons le degré d’instruction de l’époque, les diverses professions auxquelles se livraient nos pères, les relations de morts par accident etc …
Le premier acte, comme nous l’avons dit, est le baptême de Geneviève Petit.
Nous lisons dans ces actes: en 1689 fut baptisée Nicole Sébastien, née en 1687, le parrain fut Messire Nicolas Nicolay, Marquis de Presles Seigneur d’Ivors, Colonel du Régiment, d’Auvergne. La marraine Magdeleine de Chauvigny. Le baptême de cette enfant fut différé (alors qu’il était d’obligation de baptiser les enfants le jour ou le lendemain de leur naissance). Mais M. le curé prend soin de nous expliquer ce retard.
C’est dit-il à la considération de M. le parrain et de Madame la marraine et pour prendre leurs commodités n’ayant pu avant ce jour se rencontrer ensemble en ce lieu, tant à cause de leurs affaires particulières qu’à cause de la campagne de Philippsbourg où notre Monsieur le Marquis assista et s’y distingua d’une façon très glorieuse. (textuel)
En 1720, un soldat du Régiment de Bonnelles, dragon natif de Coutances en Normandie fut tué à Ivors par des gens inconnus et inhumé dans le cimetière d’Ivors en présence de M. de Chillois son capitaine. En 1732, un inconnu d’environ 60 ans est trouvé assommé et la gorge coupée sur le chemin de la Ferté, auprès de la sente du Moulin de Boursonne. En 1738, un sieur Laubray est tué par accident dans la cuisine du château d’Ivors.
En 1746, mariage entre Louis Graux et Marie Raux en présence et avec le consentement de haute et puissante dame la Duchesse de Mortemart.
En 1764 Jean-Claude Jobard, Lieutenant au bataillon de l’Indre contracte mariage avec Mlle Hohll fille du Bailli du Comte d’Erbach. (ces personnes étaient probablement de la famille de M d’Hariague, curé d’Ivors qui était natif de Lorraine).
En 1771, Clément François Allavoine, natif de Boën (probablement Beines) diocèse de Noyon, agé de 18 ans fait abjuration de l’hérésie de Clavin entre les mains du curé d’Ivors.
En 1775, baptême de 3 enfants jumeaux nés d’Estienne Pallon et d’Anne Pottier. Ils meurent le lendemain.
En 1775, mariage de Paul Leroux., chirurgien avee Marguerite Dupuy à la suite de sommations respectueuses faites par Paul Leroux à son père.
En 1781 baptême de la moyenne cloche, elle fut fondue à Oigny elle a coûté en tout 180 livres. Et le 22 Décembre
1792, clôture des actes religieux par le baptême d’Angélique Prevost. Les registres civils sont remis à Vmcent Belloy membre du Conseil Général de la Commune, premier Agent Municipal.
Nous avons aussi dit que c’est par les actes religieux que nous pouvions connaître l’ancienneté des plus vieilles familles d’Ivors. En effet nous y voyons figurer dès le commencent de ces registres, les Verdière -les Dupuy -les Leroux -les Charpentier – les Delacroix – les Palion – les Duhauvelle – les Guérin – les Gallet – les Duplessis – les Vel sans citer nombre d’autres qui ont émigré ou sont éteintes.
On n’a pas à Ivors que le culte de ses morts, nous avons aussi le culte des morts de nos concitoyens quand survient un décès. Riche soit pauvre, toute la population se fait un devoir de suivre la dépouille mortelle du défunt et de l’accompagner à sa dernière demeure, témoignant par là, de l’affection qu’on lui a porté pendant sa vie et la part que l’on prend à la douleur de sa famille. N’est-ce pas là encore une preuve de la touchante solidarité qui unit en une même pensée tous les habitants de notre village.